
Les Echos, 2 avril 2025.
L’Ifri – Institut français des relations internationales a passé en revue les publications des deux grands cabinets de conseil en stratégie (McKinsey & Company et Boston Consulting Group (BCG)) et des quatre cabinets d’audit et de conseil (Deloitte, EY, KPMG et PwC) pour mettre en lumière la doxa qui sert de base aux entreprises dans l’appréciation du risque géopolitique. Jusqu’à présent, le message portait sur une fragmentation géopolitique, avec cependant une continuation de la mondialisation, sans rupture systémique. Les entreprises doivent aujourd’hui prendre davantage en compte les intentions stratégiques des acteurs, estime le directeur de l’Ifri Thomas Gomart, et éviter de se satisfaire de la seule lecture économique des événements. […] Il est très frappant de voir à quel point l’intentionnalité des acteurs n’est pas prise en compte. […] Il faut comprendre quelles sont les intentions stratégiques. La décision de nature stratégique appartient à un petit nombre, revêt une dimension sécuritaire et l’emporte davantage sur l’économique au printemps 2025 qu’il y a dix ans. […] Guillaume A. Callonico, le directeur risques géopolitiques et transversaux de la La Caisse (Caisse de dépôt et placement du Québec), a expliqué lors d’une réunion de Coface, il y a deux ou trois ans, que nous allions vers une nouvelle ESG ; l’acronyme troquant l’environnement, le social et la gouvernance contre l’énergie, la sécurité et la guerre. […] Est-ce qu’il ne va pas y avoir une demande des agences de notation pour connaître les précautions prises en termes de risques géopolitiques ? […] Jusqu’à présent, le mode de sélection des dirigeants des grands groupes s’est fait sur des critères exclusifs d’efficacité économique. L’appréciation de l’environnement, au-delà du « core business », va prendre une importance de plus en plus grande, compte tenu de la dégradation du contexte. […] Enfin, il faut être beaucoup plus spécifique en fonction des caractéristiques régionales ou nationales qui ont eu tendance à être effacées par la mondialisation.