
Les Echos, 2 avril 2025.
La guerre commerciale lancée par Donald Trump et l’isolationnisme de la nouvelle administration américaine forcent la Chine à repenser sa place le nouvel ordre mondial. Le sujet a dominé le Forum de Boao. […] Plus de 2.000 personnes de 60 pays ont participé à ce « Davos asiatique » organisé chaque année depuis 2001 et présidé par Ban Ki-moon. L’ancien secrétaire général de l’ONU était toutefois le seul VIP du « camp occidental » à être présent à cet événement qui autrefois attirait Christine Lagarde, Bill Gates ou George Soros. Alors que la Chine rêvait de faire du Forum une vitrine internationale, ce rendez-vous devient lui-même le symbole d’un monde fracturé, bloc contre bloc. […] « Le monde a besoin d’une nouvelle puissance, différente des Etats-Unis et de la Russie, la Chine peut se jouer ce rôle », a plaidé Zheng Yongnian, professeur à l’université chinoise de Hong Kong. […] Ces dernières années, la Chine n’a cessé de diversifier ses clients à l’export, en pivotant comme jamais vers les pays d’#Asie du Sud et plus globalement les pays en développement. « La Chine est le premier partenaire commercial de 140 pays dans le monde », a rappelé Zhou Wenzhong, ancien ambassadeur de Chine aux Etats-Unis. […] « Le monde est en plein bouleversement, la certitude devient une ressource de plus en plus rare », expliquait Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, début mars. « Nous utiliserons la certitude de la Chine pour stabiliser un monde incertain », avait alors promis Wang Yi. […] « La Russie est géographiquement un pays d’Asie, même si l’ONU ne le reconnaît pas. Si la Russie veut travailler plus étroitement avec l’Asie, nous accueillerons cela favorablement. La Russie peut contribuer davantage à la croissance de l’Asie », a dit Zhang Yuyan, membre de la prestigieuse Académie chinoise des sciences sociales (CASS), le think tank – de rang ministériel – qui conseille le gouvernement chinois.