Les Echos, 21 juin 2024.
A quelques mois de son entrée en application prévue au 1er janvier 2025, la loi européenne anti-déforestation suscite à nouveau les critiques. Adopté fin 2022 et sujet de controverse dès sa gestation, le texte interdit la vente sur le territoire européen de toute une série de produits issus de la déforestation tels que le café, le bœuf, le soja, le cacao ou encore le bois. Derniers récalcitrants en date, les Etats-Unis ont fait sensation en réclamant de retarder ces nouvelles règles de l’UE, dans un courrier à Bruxelles cité par le Financial Times, affirmant que les producteurs américains n’auraient pas le temps de s’y conformer. […] L’Indonésie et la Malaisie, principaux pays producteurs d’huile de palme, ont également demandé un report à Bruxelles. Les petits producteurs de pays en développement, notamment africains ou sud-américains, craignent d’être exclus du marché, car ils n’ont pas la technologie nécessaire pour procéder aux vérifications imposées par l’UE. […] En Europe aussi le ton monte. En avril, une vingtaine de ministres de l’Agriculture d’Etats membres, Autriche et Finlande en tête, se sont alarmés des charges pour leurs agriculteurs, en pleine crise agricole. […] D’autres entreprises, notamment dans les pays du Sud, la société civile, ainsi que des ONG telle WWF, s’opposent, elles, à tout report, comme The Cocoa Coalition, groupe informel d’entreprises comptant Ferrero, Mars Wrigley, Mondelēz International, Nestlé, Tony’s Chocolonely et Unilever. Ils n’ont sans doute pas grand-chose à redouter ou espérer : repousser la loi nécessiterait un processus de codécision entre la Commission, le Parlement et le Conseil européens, qui prend en général un an et demi.