Les Echos, 16 mai 2024.
En quête de soutien dans sa guerre en Ukraine, le président russe a réservé à la Chine son premier voyage à l’étranger depuis sa réélection en mars. Son homologue chinois en avait fait de même l’an dernier, se rendant à Moscou peu de temps après son investiture pour un troisième mandat inédit, comme pour mieux sceller leur « amitié sans limite » conclue en février 2002, peu avant que la Russie lance son offensive en Ukraine. […] Comme un pied de nez aux Occidentaux, cette rencontre intervient une semaine après la première visite de Xi Jinping en Europe depuis 2019. Une visite durant laquelle l’homme fort de Pékin n’a rien lâché face aux demandes de la France et de l’Union européenne pour qu’il prenne ses distances avec la Russie et fasse pression sur Moscou pour mettre fin à la guerre en Ukraine. En plus de fournir un soutien diplomatique, la Chine est devenue une planche de salut économique essentielle alors que la Russie fait face à de lourdes sanctions occidentales. Le commerce total entre la Chine et la Russie a atteint 240 milliards de dollars en 2023, soit plus du double de 2018 et dépassant de loin l’objectif de 200 milliards de dollars fixé pour 2024 par les présidents Vladimir Poutine et Xi Jinping en 2022. […] Les deux pays ne cessent de renforcer et diversifier leur coopération, alors que convergent leurs intérêts politiques et géostratégiques de long terme. Les régimes de Pékin et Moscou se serrent les coudes pour assurer leur stabilité et sécurité, tout en partageant une vision commune d’un monde avec la volonté de refaçonner un nouvel « ordre mondial » à leur avantage face à un Occident jugé déclinant et fauteur de troubles. […] Xi Jinping considère son partenariat stratégique avec la Russie comme « le plus important » mais ne veut pas s’aliéner davantage l’Europe, un partenaire commercial clé pour aider à revitaliser son économie atone. De même Pékin cherche à stabiliser, non sans difficultés, ses liens avec les Etats-Unis.