Les Echos, 21 décembre 2023.
Dotée d’un budget de 7 millions d’euros, l’agence Viginum (Service de vigilance et protection contre les ingérences numériques étrangères), créée en 2021 après l’assassinat de Samuel Paty et la campagne antifrançaise sur les réseaux sociaux qui a suivi, n’est pas un service de police ni de « fact-checking ». Une fois la menace identifiée, elle transmet les informations aux ministères de l’Intérieur, des Affaires étrangères et des Armées. […] Viginum se bat contre des acteurs étrangers « qui vont utiliser notamment le numérique pour façonner l’opinion avec leurs propres intérêts », explique Marc-Antoine Brillant, ancien militaire désormais chef de service de Viginum. « La menace informationnelle est de plus en plus forte et imprègne tout le débat public, et pas seulement les périodes d’élections. Elle est aussi de plus en plus sophistiquée, utilisant notamment l’intelligence artificielle. » […] Viginum se fonde sur quatre critères : la présence d’un acteur étranger, l’amplification artificielle d’un contenu (par des bots, des groupes coordonnés), le contenu du message qui doit porter une allégation « manifestement trompeuse » et de nature à porter atteinte aux « intérêts fondamentaux de la nation » (élections, économie, santé publique, image du pays, défense, etc.). […] Au total, Viginum emploie une quarantaine d’agents avec l’objectif d’arriver à une soixantaine fin 2024.