Les Echos, 14 décembre 2025.
Le fait que la DGSI vient de renouveler, pour la troisième fois, son contrat avec Palantir, acteur américain du big data, est l’illustration d’une dépendance stratégique et soulève plusieurs implications géopolitiques.
🔎 Contexte
Depuis 2015, Palantir équipe les services français pour l’analyse de données sensibles massives dans des missions vitales : lutte antiterroriste, contre-ingérences étrangères, cybersécurité.
Mais derrière la continuité opérationnelle se pose une question centrale : la dépendance stratégique vis-à-vis d’un fournisseur technologique extra-européen.
⚖️ Le dilemme de la souveraineté
▪️ Initialement présenté comme une solution transitoire, ce partenariat perdure faute d’alternative nationale crédible. Des initiatives françaises (comme Athea, l’alliance entre Thales et Eviden, ou ChapsVision) semblent avoir échoué à produire un équivalent souverain dans un délai de près de dix ans.
▪️ Palantir assure que les données restent stockées en France, sous contrôle exclusif de personnels habilités. ‼️ les États-Unis, via des lois comme le CLOUD Act, peuvent théoriquement exiger des données stockées par des entreprises américaines, même à l’étranger.
▪️ Confiance et risque : Palantir est une entreprise historiquement liée aux services de renseignement américains (CIA). Travailler avec elle revient à faire confiance à une entreprise dont les intérêts peuvent, en théorie, croiser ou contrecarrer les objectifs stratégiques américains.
🔁 Dépendance dans les fonctions régaliennes mais aussi économiques
Au-delà de la dépendance dans le domaine de la sécurité nationale, il faut également souligner une dépendance économique.
Palantir a séduit de nombreux acteurs économiques français du secteur privé : 15 % des entreprises du CAC 40, comme Airbus, SCOR, Stellantis ou encore Société Générale figurent parmi la liste de ses clients.
❓ Comment réduire la dépendance vis-à-vis des pays dominants pour garantir l’autonomie décisionnelle et la liberté d’action de l’État ?
👉 La question dépasse la technique : elle touche à la géopolitique de la donnée, à la capacité d’un pays à protéger ses intérêts vitaux dans un contexte de rivalité multipolaire.
Qu’en pensez-vous ?
